Les conseils de notre DRH
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Quelques conseils pour rendre fructueuse votre recherche d'emploi, avec les éclairages de Sylvie Bernard-Curie, Associée DRH Talents de KPMG France.
Les éclairages de Sylvie Bernard-Curie, Associée DRH Talents de KPMG France.
Diplôme(s) en poche, vous voilà sur le marché du travail. C'est le grand bain : vous ne cherchez plus un stage pour vous initier, mais un vrai job où prendre pleinement vos responsabilités. En face, les recruteurs ont des exigences : pour vous confier les clés d'un poste, il faut que vous leur inspiriez confiance. Et cela se joue dès les premières démarches que vous entreprenez.
#1 - Bien se préparer pour se faire utilement remarquer
Identifiez votre "projet professionnel"
"La première initiative pour chercher du travail, avant même de faire son CV ou d'écumer les sites d'offre d'emploi, c'est de construire son projet professionnel". Le projet professionnel est à l'intersection de 3 dimensions :
- l'expertise de la personne : ses compétences (savoir, savoir-faire et savoir-être) et son expérience (du monde de l'entreprise, d'une filière, d'un "produit", d'un type d'interlocuteurs, d'une région...)
- les aspirations de la personne : ses centres d'intérêt, ses ambitions, sa vision de ce qu'est "un bon travail", son niveau de rémunération espéré, ses conditions de travails souhaitées...
- les opportunités du marché : cela renvoie bien sûr aux offres d'emploi mais demande aussi de s'interroger sur les transformations à l'œuvre dans le monde du travail et notamment d'identifier les métiers et secteurs d'avenir.
"Il n'est pas inutile de prendre une feuille de papier pour lister tout ça et mettre en évidence les dynamiques intéressantes. La construction du projet professionnel, c'est un peu de la cartographie : on identifie des zones familières (ce que l'on a déjà fait, ce qu'on maîtrise) et des territoires à conquérir (de nouveaux métiers, de nouvelles façons de faire, des défis à relever)... Puis on bâtit une stratégie pour aller où l'on veut, en se laissant la possibilité de prendre des voies multiples, et pourquoi pas des chemins de traverses..."
Fertilisez votre réseau
Pour trouver du travail, il va falloir en chercher ! Et pour cela, accéder à l'information sur les mouvements professionnels et créations de postes dans le secteur et/ou les entreprises que l'on cible. L'information ne se trouve pas que sur les sites d'offres d'emploi, tant s'en faut !
Il vous faut aussi tisser et activer votre réseau. Si, si, même si vous débutez, vous en avez déjà, mais ne le savez peut-être pas. Car le réseau, c'est déjà vos directeurs de stage, vos ex-enseignants, camarades de promo, ami-es et ami-es d'ami-es... Et de façon générale, tous les gens avec qui vous avez interagi dans des circonstances qui ont révélé vos savoir-faire, vos qualités et/ou votre tempérament : le rédacteur en chef du journal du lycée auquel vous avez contribué il y a quelques années, les membres de l'association dans laquelle vous vous investissez etc. (Re)contactez-les pour prendre et donner des nouvelles, pour solliciter des conseils et pour leur demander s'ils peuvent éventuellement vous mettre en relation avec des personnes de leur propre réseau.
Car le réseau, ça s'active mais ça s'étend aussi incessamment. N'hésitez pas à entrer en contact avec des personnes que vous ne connaissez pas ou que peu : les anciens de votre école, le speaker d'une conférence à laquelle vous avez assisté, un-e consultant-e indépendant-e qui travaille régulièrement avec des entreprises du secteur qui vous intéresse. Vous serez surpris-e de la bienveillance avec laquelle vous serez le plus souvent accueilli-e, pourvu d'avoir habilement formulé votre attente : "Il faut que la personne se sente valorisée de pouvoir vous apporter quelque chose sans que votre demande soit trop pressante. Demandez à recevoir des conseils pour éclairer votre projet professionnel, manifestez-vous comme une personne en réflexion sur son parcours et non comme une personne dans la seule urgence de trouver un CDI!"
Prenez le temps de réfléchir à votre projet et commencez déjà à activer votre réseau... Ces démarches vous seront utiles pour rédiger CV et lettre de motivation. Ce dont on parlera la semaine prochaine dans le deuxième épisode de nos conseils RH pour trouver du travail !
#2 - Soyez bien outillé : un CV soigné, une lettre de motivation pensée
Soignez et ciblez votre CV
Un CV, pour être efficace, "doit être lisible - donc soigneusement présenté, dans le fond comme la forme". Ce qui signifie qu'il appelle des efforts de formulation et de mise en page : "Cherchez les mots justes, évitez le jargon... Et organisez les éléments de façon logique : votre CV raconte une histoire, la vôtre, il est important que s'en dégage une cohérence. Cela ne signifie pas qu'on recherche le parcours sans faute, mais qu'on a besoin de sentir des motivations et de cerner une personnalité capable de s'engager, de prendre des décisions, d'assumer des parti-pris". Ne cherchez donc pas à cacher ce qui vous parait être des "accidents de parcours" mais mettez en valeur ce que toutes vos expériences vous ont appris : considérez chacune comme une étape de progrès.
"Le CV doit aussi être en résonnance avec le projet professionnel et ciblé pour le poste que vous visez". En d'autres termes, pour chaque candidature ou quasiment, il faut "refaire" votre CV. Bien sûr, on y retrouve toujours les mêmes fondamentaux : le résumé de vos expériences, le titre de vos diplômes, les langues que vous maîtrisez... Mais ces éléments sont différemment valorisés selon le poste prisé.
Ne négligez pas la rubrique "centre d'intérêt" : "Souvenez-vous que nous ne recrutons pas des diplômes ou des listing d'expériences : nous recherchons des personnes! Une personne, c'est vivant, ça a des valeurs, des sensibilités et des passions. Que vous soyez fan de cinéma asiatique ou de bande dessinée latino-américaine, que vous pratiquiez le nautisme ou le tango, que vous ayez fait de l'humanitaire ou que vous teniez un blog, cela nous intéresse. Ca nous donne envie de rencontrer une vraie personne, qui a du vécu et des choses à raconter..."
Travaillez votre argumentaire
Vous raconter, c'est ce qu'il vous sera demandé lors de l'entretien. C'est aussi ce que vous commencez à faire dans la fameuse "lettre de motivation".
Ne tombez pas dans "le piège classique du CV sous-titré : il faut bien entendre cette lettre comme une adresse au potentiel recruteur : elle a vocation à engager un dialogue interpersonnel." Comprenez que la lettre de motivation, loin d'être la version longue et rédigée du CV, doit apporter des éléments supplémentaires... Ces éléments supplémentaires, ce n'est pas tout ce que vous n'avez pas réussi à caser dans le CV, ce sont des informations qui révèlent votre tempérament et ce sont des arguments que vous pouvez avancer pour convaincre le recruteur qu'il peut vous faire confiance.
Mais ne confondez pas "arguments" et "justifications" et moins encore avec "stratégie de défense". Argumenter, c'est tout simplement apporter des idées convaincantes dans une discussion à enjeu. L'enjeu, ici, c'est "pouvons-nous faire affaire pour travailler ensemble". Les arguments convaincants, c'est tout ce qui relève d'un terrain d'entente possible (des compétences requises, une adhésion au projet de l'entreprise, une vision du métier enrichissante pour l'organisation...) et de nouveaux territoires à conquérir ensemble. C'est donc le moment de parler de vous, en vous projetant dans le job!
Soyez vous-même et exprimez votre personnalité avec simplicité. Bannissez les tournures négatives ("loin de moi l'idée de..."), excessives (vous pouvez être organisé-e sans l'être "extrêmement") ou vainement lyriques ("au coeur battant de l'activité des territoires et dans la tourmente des transformations du paysage économique, j'envisage le rôle de l'expert-comptable comme etc...")
Soignez la mise en page, vérifiez (plusieurs fois) la grammaire et l'orthographe (du nom de votre correspondant, en premier lieu) et n'oubliez pas de signer !
#3 - Assurez en entretien !
Préparez l'entretien
Vous avez décroché un entretien de recrutement ? Félicitations ! Tout le travail que vous avez effectué en identifiant votre projet professionnel, en élaborant votre CV et en rédigeant votre lettre de motivation va vous être utile. Imprégnez-vous en pour vous entraîner à raconter votre parcours, en zoomant sur certaines expériences significatives.
"Entraînez-vous vraiment", insiste Sylvie Bernard-Curie. "Répétez devant la glace et avec des proches de confiance. Faites un vrai travail d'écrivain de votre propre histoire : la trame de l'action ne suffit pas, ce sont les formules précises, les détails qui illustrent le propos, les expressions qui le rendent vivant qui vont donner de l'intensité à votre récit et faire réagir votre interlocuteur."
Il est prévisible que vous soyez un peu ému-e, pour ne pas dire stressé-e, le jour J. Préparez-vous y aussi : "Accepter ses émotions est indispensable pour ne pas se laisser dépasser par elles. Faites donc un travail d'introspection, pour bien cerner ce que sont ces émotions - souvent mix d'enthousiasme et d'anxiété - et surtout observer la façon dont elles s'expriment chez vous - certain-es gigotent sur leur chaise, d'autres jouent sans s'en rendre compte avec leur stylo. Il faut trouver des petites astuces pour éviter ses "tics" sans avoir à y penser pendant l'entretien : si, par exemple, vous avez tendance à vous tortiller, évitez la position jambes croisées..."
Assurez le jour J
C'est le jour de l'entretien et vous êtes bien préparé-e : vous avez les idées claires, vous portez une tenue dans laquelle vous n'êtes ni trop décontracté-e ni endimanché-e, vous avez pris de l'avance pour être sûr-e d'être à l'heure même en cas de galère de transport et en tenant compte du temps qu'il faut pour vous faire annoncer à l'accueil.
Vous voilà donc en face du recruteur. "N'oubliez pas que l'entretien est un échange entre deux personnes adultes qui veulent étudier la possibilité de faire affaire. Ce n'est ni un grand oral, ni un écran publicitaire : vous allez vous mettre en valeur, montrer que vous savez des choses, mais en répondant à des questions qui vous sont personnellement posées et en étant autorisé-e à en poser à votre tour".
On vous posera des questions ouvertes ("racontez moi votre parcours", "qu'est-ce qui vous a décidé à postuler?") ou bien des questions plus précises ("pouvez-vous mener une négociation commerciale en anglais?", "avez-vous déjà encadré une équipe?"). Ecoutez la question jusqu'au bout pour y répondre de façon pertinente! Et faites-le en évitant aussi bien la logorrhée (la réponse à une question ouverte prend 5 à 10 minutes, pas toute la durée de l'entretien) que la répartie sèche (une question dite fermée ne se satisfait pas d'un oui ou non : "J'ai déjà managé une équipe, mais pas dans le strict cadre professionnel. J'ai conduit un ambitieux projet engageant une dizaine de personnes dans le cadre d'un chantier humanitaire...")
Des questions à poser ?
Ne partez pas avant la fin de l'entretien ! Quand le recruteur vous demande si vous avez des questions ou si vous voulez aborder d'autres sujets, ce n'est pas le signal que vous devez vous lever et prendre la direction de la porte. Cela indique que l'entretien entre dans sa dernière phase, donc si vous avez effectivement des questions à poser ou des éléments supplémentaires à apporter, c'est le moment !
"Je recommande d'ailleurs à tous les candidat-es de préparer très sérieusement cette phase de l'entretien. Répondre "non, c'est bon, pas de questions à poser, au revoir monsieur, au revoir madame", c'est envoyer le message que vous n'avez plus rien à vous dire... Or, si vous êtes là, c'est précisément que vous êtes à l'aube d'une aventure commune qui va commencer. Vous avez forcément plein de questions à poser! Pour ne pas être pris-e au dépourvu, préparez ces questions en amont."
Quel genre de questions? Il n'est pas interdit de parler des conditions de travail (ce n'est pas que les tickets restau!), il est possible de s'informer sur les perspectives de carrière (vous ne voulez pas brûler les étapes, mais vous avez légitimement envie de savoir si le poste vous permettra de progresser en interne), il est bienvenu de se préoccuper des grands axes stratégiques que l'entreprise compte prendre sur tel ou tel sujet en rapport avec le métier ou en lien avec des évolutions de l'économie (transformation numérique, internationalisation...) ou de la société (politique diversité, RSE...)
Débriefez !
L'entretien a eu lieu et il se peut que vous en sortiez sans idée parfaitement précise de ce qui s'est joué durant cette rencontre. Il va vous falloir prendre un peu de recul.
"Il ne faut pas s'arrêter aux seules impressions de "sortie de scène", explique Sylvie Bernard-Curie. Le sentiment immédiat que ça s'est "super bien passé" peut masquer une euphorie qui aura pu laisser une image de frivolité au recruteur. A contrario, derrière l'impression que l'entretien a été difficile, il peut y avoir une rencontre qui a été très challengeante et lors de laquelle le recruteur aura perçu l'acuité du candidat. Il faut se donner un vrai temps pour débriefer de l'entretien."
Quelques heures après l'entretien, repassez vous l'ensemble du film : notez les questions qu'on vous a posées, remémorez-vous vos réponses, demandez-vous si elles étaient bien pertinentes, repérez vos éventuelles maladresses... Et tirez-en des conclusions pour vos prochains entretiens : vous venez d'acquérir une nouvelle expérience qui a mis en évidence vos points forts et vos points d'effort. Travaillez les !
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